Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que Le Dantec ne s’attaquait qu’aux métaphysiciens de la philosophie, tout allait bien et il était une des lumières de la Sorbonne. Mais voilà que Le Dantec s’en prend aux métaphysiciens de la politique et avec la même puissance d’argumentation, la même rigueur de méthode, leur démontre l’inanité du dogme radical-socialiste ; aussitôt l’antienne change et le grand homme de la veille n’est plus bon qu’à jeter aux corbeaux.

La morale de cette histoire, c’est qu’il n’est pas prudent de se fier aux Celtes, qu’ils s’appellent Chateaubriand, Lamennais, Renan ou Le Dantec : aucun parti, aucun système politique ou religieux, n’est sûr de leur adhésion définitive et sans réserve.

Mais défection n’est pas trahison. Si un parti détenait la vérité totale, ils lui resteraient inébranlablement fidèles, mais la vérité a trop de facettes, et l’infirmité de leur nature les empêche de se contenter, comme les autres hommes, d’une vérité incidente et fragmentaire. Ce tourment de l’absolu, qui est proprement un mal celte, fait qu’ils ne sont à l’aise nulle part. Souhaitons qu’on ne les appelle jamais au gouvernement du monde : par horreur du relatif, ils le conduiraient aux pires catastrophes. Mais, tout en les bannissant de la République, rendons-leur justice : ce n’est pas l’intérêt qui les guide. La mobilité de leurs opinions, dont ils portent les premiers la peine, vient uniquement de leur impuissance à résister aux sollicitations de tout ce qui porte le caractère ou revêt l’apparence d’une vérité : dupes quelquefois et plus souvent d’une clairvoyance extraordinaire, ils s’inquiètent peu d’avoir l’air de se contredire, et je crois même qu’ils n’en sont pas autrement fâchés. Peut-être ne sont-ils