Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/348

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s’ils ont, en premier, rencontré un tailleur, ou une fille en petit bonnet, et qu’après avoir été mordu par un chien enragé, on ne deviendra pas malade si on n’a pas vu de chien dans la fontaine de Saint-Gildas et si on a pu porter une bouchée d’eau jusqu’à la chapelle et la jeter au saint.

Il faut avouer qu’il y a des gens assez simples pour se livrer à de vaines observances.

Il faut mettre aux abeilles une étoffe noire quand le propriétaire est mort et une étoffe rouge quand il se marie. Comment peut-on croire qu’un rebouteur, à deux lieues ou trois lieues d’un malade, pourra lui redresser des côtes cassées ou le guérir de coliques en se roulant dans sa maison, en faisant mille contorsions ? Peut-on penser qu’un veau mis bas le dimanche n’est pas bon à sevrer, si on ne lui coupe un bout de l’oreille ? Un trépied laissé au feu sans rien soutenir peut-il faire griser le maître de la maison et un coucou faire que celui qui l’a entendu à jeun, sans argent, soit pauvre toute l’année ? Être treize à table ne portera pas plus malheur que d’avoir du fond d’une bouteille le verre rempli ; si on est sous une poutre, ne fera se marier dans l’année. Voir une pie sur la cheminée, entendre les coqs chanter après qu’ils se sont nichés pour leur repos n’effraie plus personne. Le concert de fées et de nains n’est plus entendu à Rochou-Guen, entre Millau et la terre. Nous n’avons plus les oreilles des anciens.

Le voyageur peut, de nuit comme de jour, passer près de Bonne-Nouvelle[1] : il ne rencontrera pas

  1. Une des chapelles tréviales de Trébeurden, qui en possédait autrefois cinq : Kerario, Keravel, Penvern, Christ et Bonne-Nouvelle. Il ne reste plus que les trois dernières. On suppose aussi que les