Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/386

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est possible de le corriger, il est vain d’essayer de s’y soustraire entièrement. Et, si l’on veut se bien connaître, il faut commencer par connaître ses pères… Les nôtres ne furent point parfaits. Mais, avec leurs défauts, ils eurent assez de qualités pour que nous ayons quelque droit de les honorer. Ce n’est pas un arbre généalogique si méprisable que celui qui plonge dans la cendre de héros authentiques comme Ambiorix, Bituit, Virdumar, Vercingétorix et ce fier Camulogène, dont l’ingrat Paris n’a même pas donné le nom à une rue. Lorsque Anvers, moins oublieux, éleva, en 1861, un monument au patriote nervien Boduognat et qu’une délégation de la Société des Gens de Lettres fut priée d’assister à la cérémonie d’inauguration, le président de cette Société, Frédéric Thomas, écrivit dans le Siècle :

« J’avoue en toute humilité que ce Boduognat nous avait singulièrement intrigués pendant tout le voyage. Quel était ce Boduognat ? D’où venait-il ? Qu’avait-il fait ? Était-ce un savant ? un poète ? un grand armateur ? un grand capitaine ? Était-ce un grand contemporain, ou bien un vieux de la vieille histoire ?… J’en demande bien pardon à mes sept compagnons de route ; mais ils ne le savaient pas mieux que moi. »

Remarquez que, parmi ces sept « compagnons », il y avait Jules Simon, Amédée Achard, le baron Taylor, etc. Une telle ignorance indignait à l’époque le bon Moreau-Christophe ; « Nous connaissons, disait-il, par le menu tous les héros de l’histoire sainte, de l’histoire grecque et de l’histoire romaine. Nous ne savons rien de nos héros nationaux. À qui la faute, sinon à notre éducation ? Est-ce que l’on ne pourrait pas cependant, avec des traits empruntés à notre histoire, composer, à l’usage des écoles, un