Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/48

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tites croix en fer. Les étables et les granges, à l’écart de l’habitation principale, reçoivent assez souvent une couverture de glui ; jamais l’habitation principale. La tuile même ne se risque pas ici et toutes les toitures des maisons sont en ardoises. Premier signe d’aisance. Un signe plus certain encore de bien-être, c’est l’étage dont la plupart de ces maisons de cultivateurs sont pourvues. Remarquez, en effet, que cet étage est, à certains égards, une pure superfétation : on y loge les armoires, les coffres et autres objets mobiliers exclus par le rite domestique de la pièce du rez-de-chaussée ; on n’y habite pas.

C’est cette pièce du rez-de-chaussée qui est restée partout la pièce essentielle et à tout faire, à la fois dortoir, réfectoire, cuisine, salle de travail et de réception. Elle occupe généralement toute l’étendue du rez-de-chaussée, sauf le coin réservé à l’escalier. On y entre de plain-pied. Il ne s’y trouve pas de corridor. Mais, perpendiculairement à la porte, est placé un buffet-vaisselier qui fait office de cloison. Quand on a contourné le buffet, on a devant soi la cheminée, haute et large, avec des bancs ou des fauteuils en bois de chaque côté de l’âtre ; le chambranle en est caché par une toile cirée à fleurs ; sur le manteau sont appliquées des étagères chargées de vaisselle et qui encadrent une niche vitrée abritant un crucifix.

Du premier coup d’œil on saisit l’importance attribuée ici au foyer domestique. Il est vraiment encore un autel et, autant qu’à la présence du crucifix sur son manteau, cela se marque aux soins qu’on prend de son entretien, à l’élégance des étagères, à l’éclat de la vaisselle qui le décore, etc. Tout y est en ordre ; le combustible, landes et mottes, n’empiète pas, ne déborde pas de tous côtés comme dans les fermes du