Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/49

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reste de la Bretagne, et cela grâce à une particularité de la maison plougastéloise qui a su ménager près du foyer un réduit spécial, nommé le patafourn.

Le patafourn ou plataforn (corruption peut-être du mot français plate-forme) est, dans sa plus simple expression, une grande tablette de bois raboté dont on emprunte le dessus comme desserte et sous laquelle on entasse le combustible. Le patafourn, transformé en chapelle ardente, fait également office d’échafaud pour l’exposition des morts. Il occupe un recoin de la pièce obtenu par une ingénieuse disposition des meubles alignés contre le mur du fond, face à la porte et à la fenêtre. Ces meubles placés bout à bout, sans solution de continuité et bordés de bancs-tossels, sont toujours des lits-clos. Ils ne forment pour ainsi dire qu’un seul panneau, de longueur plus ou moins grande, suivant l’étendue de la pièce ; mais ce panneau s’arrête à deux mètres environ du foyer et c’est dans le vide laissé par lui que s’ouvre le patafourn. De l’autre côté du foyer, contre le mur de pignon, un second buffet-vaisselier, bordé d’un banc-tossel, fait vis-à-vis à un lit-clos détaché, adossé lui-même au dos du buffet-cloison de l’entrée et bordé aussi d’un banc-tossel. C’est un nouveau réduit, un nouveau compartiment plutôt, qu’on a ainsi obtenu par la disposition des meubles dans cette pièce sévèrement rectangulaire. L’espace compris entre les bancs et qui est éclairé par une fenêtre à embrasure sert de salle à manger et reçoit à cet effet une table oblongue et massive dont le couvercle mobile dissimule fréquemment un pétrin[1].

  1. Pour être complet, il faudrait signaler encore, près de la porte, l’arcelvé ou évier (deux tablettes de pierre épaisse portées par deux