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ANNE DE BRETAGNE À BLOIS.


(Lettre au Dr Le Fur, directeur du Breton de Paris,
à l’occasion du 4e centenaire d’Anne de Bretagne.)


Mon cher Directeur,

Vous me demandez quelques notes sur Anne de Bretagne. Que vous dirai-je ? Comme tous les Bretons, j’ai un culte pour celle que nous avons tant de peine à nommer la reine Anne et qui est restée pour nous « la bonne duchesse ». Dans mon cabinet de travail, sur mon cartonnier, son effigie s’érige, blanche, jaune et bleue. C’est la genia loci, une genia en faïence de Blois, du coût modique de 4 fr. 75. On ne l’a pas exécutée sur commande pour votre serviteur : ces statuettes d’Anne de Bretagne se fabriquent à la grosse, sur les rives de la Loire, au 35 du quai des Imberts ; c’est même, m’a-t-on dit, un des articles les plus courants de la faïencerie blaisoise qui fait ainsi la leçon à nos faïenceries indigènes. Il y en a de toutes les tailles ; mais l’expression n’en varie guère et la ressemblance n’est pas garantie. Vous confesserai-je qu’après tout j’aime autant ça ?

Sur ma statuette, Anne de Bretagne est jolie. Elle l’était beaucoup moins dans la réalité. Je sais bien que les portraits qu’on a d’elle présentent d’assez grandes différences d’interprétation. Tel lui donne un double menton et une poitrine presque opulente (notamment le portrait qui appartient au comte de