Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Francésa trempa machinalement sa plume dans l’écritoire. Depuis qu’elle était entrée, elle cherchait le joint pour amener la conversation sur son mariage. Elle savait qu’on n’obtiendrait rien du bonhomme à le heurter de front. Il fallait biaiser. Mais par où le prendre ? Au moment où elle allait fermer le paquet pour y inscrire la désignation, ses yeux tombèrent par hasard sur une des lignes du recto. Elle regarda de plus près ; elle ne se trompait pas : le nom de Roland Le Coulz y était écrit en toutes lettres, et, vis-à-vis du nom, après la mention Trégastel, en accolade : Moulin à eau de Poul-Palud, tenues de Kergûnteuil et de Kerenoc’h. Valeur exacte : 30 000 livres. Payé à la nation : 2 000.

— Que regardes-tu comme ça ? dit le vieux Prigent, surpris de l’attention que mettait sa fille à examiner le manuscrit. Quelque rabâchage du vieux temps ? Des titres de famille ?… La belle avance d’avoir été seigneurs du bois et de la plaine, si nous n’avons plus la plaine ni le bois !…

Francésa avait déplié le papier ; elle avait peine à se reconnaître dans cette écriture rouillée et brouillée, tracée d’une main lourde