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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/112

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Depuis la scène de la liste, elle avait pris sur lui un ascendant extraordinaire ; il la sentait plus forte que lui ; elle y mettait, à l’occasion, l’énergie voulue, mais elle savait se faire douce, insinuante et caressante presque toujours. Elle appâtait le vieillard, dans ses minutes de sourde rancune, en lui énumérant une par une les terres qu’elle rachèterait, après son mariage, avec l’argent de Thomassin. Un autre jour, elle lui annonçait que celui-ci avait donné sa démission ; le lendemain, elle lui disait par flatterie qu’il s’était remis à la culture et qu’il avait défriché toute une acre d’une seule matinée. Puis, elle l’intéressait par les dispositions à prendre : elle discutait avec lui des terres qu’il était préférable d’adjoindre au manoir, du mode d’assolement et de labourage qui leur conviendrait le mieux. Le bonhomme y perdait à mesure de sa maussaderie envers Thomassin ; il se rattrapait sur le personnel de la ferme, qu’il commandait d’un geste plus rude, d’une parole plus brève, accentuant ses côtés autoritaires, par besoin de se retrouver lui avec quelqu’un.

Au reste, Thomassin espaçait sagement ses visites à Keraliès ; il avait entrepris du vieillard