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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/113

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un siège en règle qu’il ne voulait pas brusquer, jugeant plus sûr de le circonvenir d’attentions et de déférentes paroles. L’annonce de son coup de fortune avait produit un excellent effet. Le bonhomme n’en revenait pas ; il continuait d’afficher la même figure renfrognée : dans le fond, il admirait. Et c’est bien ce qu’avait espéré le gallot…

Il y parut suffisamment à la façon dont le bonhomme s’exprima sur son compte dans une dispute qu’il eut avec Le Coulz, quelques jours plus tard, au pardon de Golgon.

Ce pardon est le dernier de la série. Il annonce l’hiver, les longues veillées et les pluies ; il n’y a plus d’assemblée dans le canton jusqu’à la Saint-Antoine de Kerduel, qui ouvre le printemps. D’un village à l’autre on se revoit à peine entre les deux pardons, ou il y faut des rencontres imprévues, et cette pensée, et l’hiver qui vient, rendent les gens plus tristes et portés à s’enivrer davantage.

Le vieux Prigent était allé seul à Golgon. Il avait bruiné un peu dans la matinée et Francésa avait préféré rester au manoir avec Louis. Cependant les routes étaient chargées de pèlerins. Ils arrivaient par groupes de huit à dix.