Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/119

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avec ce renforcement progressif du ton qui s’observe dans l’ivresse :

— Je vous dis que Thomassin est un meilleur parti pour Francésa que ce brigand de Le Coulz !…

— Mille dieux !…

Toutes les têtes se levèrent ensemble, tant l’exclamation avait eu de violence. Déjà Le Coulz s’était dressé ; les veines de ses tempes saillaient sous la colère comme des cordes ; il arracha des mains d’une servante un pichet de grès qu’elle reportait au comptoir et, le faisant tourner comme une fronde dans la direction du vieillard :

— De brigand et de traître, il n’y en a que toi ici, pourriture !…

Heureusement le vieillard s’était levé au premier mot de Le Coulz et ses bras, placés en défense, l’avaient préservé du choc. Il voulut se précipiter à son tour ; mais trente mains s’étaient déjà cramponnées aux deux hommes et, tandis qu’on s’efforçait d’entraîner dehors le plus jeune, d’autres mains retenaient Prigent, le liaient à la table, fou de rage, les poings tendus, et qui criait vers son agresseur :

— Oui, brigand ! brigand ! Ah ! tu croyais que