Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/124

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lement, sans gêne, sûre d’avance, dans chaque ferme où elle entre, du même accueil facile et bienveillant…

— Dieu te donne ses grâces, jeune femme…

Elle franchit le seuil… Quelle idée se fait jour dans la tête de Coupaïa ? Elle rappelle la vieille ; elle examine ses traits avec attention ; il semble qu’elle la reconnaisse.

— Est-ce qu’on ne te nomme pas Cato Prunennec ?

La mendiante fait signe que oui de la tête. Coupaïa reprend :

— Alors, c’est sûrement toi que j’ai vue à Samson. Tu priais sous le porche, un cierge à la main : tu as fais trois fois, sur tes genoux, le tour de l’église ; tu as remis ton cierge au sacristain et tu es partie en récitant ton chapelet… Je t’ai vue un autre jour au pardon de La Clarté. Tu avais dû fournir une longue traite, car tes pieds étaient rouges et gonflés, et ta coiffe était toute jaune de poussière. Tu donnas pour offrande un rouleau de quarante sous et tu passas la journée tout entière et la moitié de la nuit à prier devant la statue de la Dame… Et je t’ai vue une autre fois encore, mais ce n’était pas dans un pardon, ni dans une église. Tu avais