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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/127

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que la moisson retenait aux champs jusqu’à l’automne. Et pour eux et en leur nom je déposais l’offrande sur l’autel, la prière au pied du saint, et pas un, tu peux le demander à tout Servel, n’a eu à se plaindre que Cato Prunennec l’ait trompé d’un liard ou d’un pater dans ses pèlerinages… Mais j’ai vieilli, ma fille, et la foi, chaque année qui vient, s’est faite plus vacillante dans le cœur des hommes. On ne m’employait plus qu’à des missions rapprochées et qui ne me donnaient point de quoi vivre ; et puis, je ne sais pas si tu l’as remarqué, les prêtres, on dirait qu’ils sont maintenant contre la religion. Va Doué !… Qu’est-ce que nos saints nationaux leur ont donc fait ? Nous les connaissions depuis si longtemps et ils nous connaissaient si bien ! Gonnery était tout-puissant contre les maux de tête, et Kirech mariait dans l’année les filles qui, à l’aide d’une épingle, faisaient descendre l’esprit dans sa statue ; mais Gonnery n’a plus d’autel et Kirech maintenant est en pierre : va donc le réveiller ! J’ai vu pire encore : à Pleumeur, un prêtre, oui, un clerc à peine tonsuré, qui, sous prétexte que la statue d’Uzec était trop vermoulue pour figurer sur l’autel, l’a fait enlever et remplacer