Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/135

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horrible à voir, ses yeux vitreux allumés d’une flamme sourde, le menton tuméfié, la bave de pourpre coulant de ses dents sur son justin et toute sa face jaune contractée d’une haine douloureuse. L’homme recula. Mais elle le tenait par le collet de sa chemise qu’elle avait saisi comme pour l’étrangler, et, le secouant :

— Tu devrais pourtant le savoir, toi, ce qui m’arrive, puisque nous avons tous les deux le même tourment…

Et de sa voix sèche, rapidement, hachant les mots, elle lui cria dans la face :

— C’est fixé. Ils s’épousent à la fin du mois !…

— Ah ! dit seulement Le Coulz ; mais toute sa face aussi se contracta de douleur et un flux rouge l’alluma subitement.

Ils restèrent quelque temps sur la route sans parler. Les chevaux s’étaient arrêtés d’eux-mêmes. Lui cherchait quel mobile gouvernait la belle-sœur de Thomassin et d’où venait que ce mariage lui était si odieux.

— Tu l’aimais donc ? demanda-t-il.

Elle poussa un cri terrible, un cri pareil à un râle. Il lui sembla qu’on ouvrait toute grande sa conscience, et elle s’éclairait d’une flamme