Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/136

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si intense que le mystère de sa vie lui apparut à elle-même pour la première fois. Ce fut un éclair. Cette vue profonde qu’elle avait eue un moment d’elle-même s’effaça, noyée dans le débordement de haine montante qui recommençait à l’envahir.

— Écoute, dit-elle, il faut nous associer. Je ne veux pas que Loïz-ar-béo se marie avec Francésa. Je ne le veux pas, non, je le tuerai plutôt. Mais, toi, tu ne peux pas vouloir, non plus, qu’il épouse Francésa. Tu ne le peux pas, tu ne le peux pas…

— Oui, dit Le Coulz à voix vague, et comme suivant un rêve, c’est mon idée aussi. Je le tuerais bien pour me venger de Prigent et pour qu’il n’ait pas Francésa. Mais c’est Francésa dont je ne peux pas guérir, tant qu’elle n’aura pas été à moi.

— Tu l’auras ! dit Coupaïa.

C’était si loin de son attente qu’il regarda la femme pour voir si elle ne se moquait pas de lui. Mais l’horrible bouche sanglante qui avait prononcé ces paroles répondait du cœur qui les avait soufflées.

— Comment ferais-tu ? demanda-t-il. Dis vite.