Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/137

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Il était extrêmement pâle. Posséder Francésa, l’avoir à lui avant son rival, assouvir sur son beau corps cette passion démontée et hurlante qui le tordait à mourir dans les litières chaudes des granges où elle lui apparaissait avec ses prunelles douces et ses lèvres rouges, mais comment, comment ? Ah ! l’idée impossible, devenue possible tout d’un coup, l’idée qui l’avait si souvent hanté dans les nuits, d’un viol rapide, perpétré au revers d’une route, avec ses mains sur la bouche qui hurle, l’accouplement, et puis la fuite longue dans les ténèbres où vagit la déflorée, mais comment, comment ?…

— Tu seras après-demain à Morvic, oui, après-demain ; pas demain, tout raterait. Après-demain, c’est jeudi. Il y a foire à Lannion ; Loïz-ar-béo s’y rendra pour acheter ses bijoux de noces… Je passerai dans la matinée chez Francésa… Je l’inviterai à venir manger des crêpes à Morvic… Ce sera pour quatre heures. Il n’y aura que moi à la maison. Tu frapperas trois coups. Je ferai semblant de sortir quand tu arriveras, mais je pourrai revenir par la porte du fond, si je vois que tu as besoin… Quatre heures, n’oublie pas… Tu n’auras qu’à dire que