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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/178

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ne ressentent à aucun degré. Cœurs durs, si l’on veut : âmes d’assassins, jamais ! C’est s’ils avaient pleuré que je les aurais crus coupables. Mais pas un moment ils ne se troublent… » On croit même distinguer un accent de sourde gouaillerie et de défi dans certaines de leurs réponses. La veuve Bomboni, qui affirmera plus tard les avoir parfaitement reconnus, tandis que vers deux heures du matin ils se glissaient « à travers champs dans la direction du bourg[1] », étant allée chez eux dans la journée sous prétexte de regarnir sa tabatière et leur ayant témoigné toute l’horreur que lui inspirait un crime perpétré avec une barbarie dont il n’y avait pas d’exemple :

— Oui, dit d’un ton dégagé Yves-Marie, c’est un crime d’un nouveau genre.

— On découvrira les coupables, riposta son inter-

  1. « J’avais ma fille malade et je suis restée près d’elle jusqu’à trois heures. J’avais de la lumière dans ma chambre. J’ai eu besoin d’ouvrir ma fenêtre après minuit (vers deux heures, précisera l’acte d’accusation) et j’ai vu Marguerite et son mari traverser le champ David. Yves-Marie était nu-tête, et Marguerite avait un mouchoir sur la tête. Ils se sont arrêtés près d’un massif de saules ; c’est là que je les ai d’abord vus. Ils ont traversé le champ Bertho, lequel touche le convenant Guyader. Ils ont quitté ce champ, suivi le chemin pour prendre la barrière et sont entrés dans le champ Pen-ar-C’hoat ; c’est là qu’après quelques instants je les ai perdus de vue. Ils se dirigeaient sûrement à travers champs dans la direction du bourg d’Hengoat. » (Déposition de la veuve Bomboni.)
    Prévenue par le président de l’importance de sa déclaration, le témoin affirme qu’elle a parfaitement reconnu les époux G… « Grâce au clair de lune, dit-elle, on y voyait comme en plein jour. »