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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/179

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locutrice, et on saura bien trouver aussi pour eux un nouveau genre de châtiment.

— On ne découvrira rien du tout, trancha Marguerite, parce qu’on n’a rien vu. Il en sera de cet assassinat comme de celui de la servante du docteur Tilly, à La Roche-Derrien, que personne n’avait vu commettre et dont l’auteur a si facilement dépisté la justice.

— Va ! jeta la veuve Bomboni indignée, tu ne seras pas plus riche pour avoir tué ton frère !

— Il m’en reviendra bien toujours quelque chose, dit Marguerite avec un sourire acide.

Elle ignorait que, le 15 août précédent, Philippe avait fait un testament olographe en faveur de sa mère : si insoucieux qu’il fût de son naturel, si gai et si allant, il prenait ses précautions contre les G…. sans se garder encore assez au gré de sa mère, troublée de sombres pressentiments et qui le suppliait de « ne jamais sortir tard ni seul ». La veuve Le Corre elle-même, édifiée par les propos de G… et l’insuccès de sa tentative près du Justicier de Trédarzec, avait cru devoir prévenir Philippe :

— Méfie-toi d’Yves-Marie et de Marguerite, Philippe.

— Je fais ce que je peux, dit Philippe. Mais, sous prétexte qu’ils m’en veulent, je ne puis pourtant pas me fourrer dans un sac !

Il craignait pour sa fiancée autant que pour lui-même. Mélanie Tilly déposait à l’audience qu’un jour les G… lui offrirent une place dans leur tilbury « pour aller aux courses de Pontrieux ». Elle déclina l’offre et Philippe l’en félicita :