Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/181

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dans la nuit du crime. Certainement on a dû tenir le conseil pour tuer mon frère.

La veuve Gaouyat[1], présente à l’entretien, releva vivement cette insinuation et dit en propres termes à Marguerite qu’elle prenait des détours bien inutiles, attendu qu’on savait parfaitement que c’était elle qui avait tué son frère. Par ailleurs, l’enquête de la gendarmerie avait amené la découverte, dans les cendres du foyer des époux G…, de deux clous « se rapportant aux empreintes laissées dans la terre humide de l’aire par le pied droit de l’assassin », dont le talon était ferré comme un sabot de cheval. Or, un témoin avait remarqué que le talon droit d’Yves-Marie G… présentait cette particularité ; la chaussure n’avait pas été retrouvée au domicile des accusés, mais, outre les clous, on y avait « retrouvé deux socques dépareillées toutes deux du pied gauche »,

Ainsi pressée de toutes parts, Marguerite ne se démonta pas.

— Lève la tête, l’entendit-on dire à son mari qui n’avait pas la même force de résistance, n’aie pas peur, ou sinon on dira que c’est nous qui avons tué Philippe[2].

Et peut-être était-elle sincère en parlant ainsi ;

  1. Mère de Marie Gaouyat, la petite servante des G…, qui, d’après l’acte d’accusation, avait d’abord déclaré, pour répondre à leurs sollicitations, qu’elle avait été réveillée dans la nuit par G… et lui avait parlé, puis qui, revenant sur cette déclaration, affirmait avoir dormi toute la nuit sans s’être réveillée.
  2. Déposition du sieur Briand, un des rares témoins masculins de cette affaire, où l’on ne voit pour ainsi dire défiler que des veuves.