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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/34

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Ah ! comme tu connais les cœurs, bonne vieille !… Fais en sorte que je puisse la voir demain soir, au crépuscule, près de la ty-lia[1] de Kergûnteuil.

— Où seras-tu, cette nuit, pour te donner sa réponse ?

— Je suis de garde à la pointe. Tu feras ton sifflet de pluvier, j’irai te rejoindre derrière la dune… Adieu, mâm-goz[2]. Je suis pressé, tu vois.

Thomassin rejoignit son frère.

Celui-ci songeait. Il se souvenait des paroles de Coupaïa, le soir où, rentrant de la lande de Roscané, elle lui dit qu’elle avait vu ensemble Thomassin et la rebouteuse : « Ton frère est damné, damné ! Il a acheté sa chance du démon ! »

Ils entrèrent chez le fournier. Thomassin fit mettre à son nom la créance de Salaün, lui paya un pain de dix livres et une « moche » de beurre.

— Va-t’en avec cela, dit-il. Je verrai demain si vous avez besoin d’autre chose… J’irai à Morvic ; il faut que je m’arrange avec Coupaïa au sujet des champs de Trégastel.

  1. Mot à mot : maison de pierre, dolmen clos.
  2. Vieille mère.