cueilli, en passant, des mots qui ne devaient pas venir jusqu’à toi…
Elle se tut. Thomassin ne comprenait pas grand’chose à ce parlage symbolique, plein de détours et de sous-entendus, où se complaisent les vieux fatuaires de Bretagne ; mais il avait peur de blesser Môn en la contraignant à une explication immédiate, et il demanda :
— Que dit le vent, mâm-goz, car moi je ne sais pas sa langue ?
— Viens, dit-elle.
Par la grève, sans prononcer un mot, elle le mena vers Keraliès. Il la suivait machinalement. Quand ils prirent la grande route :
— Baisse-toi le long de la levée de terre, pour qu’on ne te voie pas.
Il obéit et ils rampèrent ainsi un bout de chemin encore. À Poulpry, près du manoir, la vieille se redressa et regarda par-dessus la levée. Elle vit ce qu’elle cherchait, car tout de suite elle se tourna vers Thomassin, et, très bas :
— Tiens-toi là, sans bouger.
Puis elle sauta dans le champ et disparut.
Quelques minutes s’écoulèrent. Thomassin, aux aguets, n’entendait que le bruit du vent