Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/53

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dans les châtaigniers et le bruit de la mer sur la grève. Mais, insensiblement, un murmure confus de voix monta dans le soir. Les voix se rapprochèrent, et il distingua celle de Môn-ar-Mauff…

— Francésa, disait la voix, j’ai préparé ces racines pour celle de tes vaches qu’a frappée le mauvais œil. Je l’ai vue ce matin qui dépérissait. Tu les enfermeras, avec une gousse d’ail et deux feuilles de trèfle, dans un petit sachet de toile que tu lui attacheras au cou, et tu diras ensuite trois pater et trois ave pour les âmes du purgatoire.

Francésa répondit :

— Je ferai ce que tu commandes, Môn.

Et elle soupira. La voix de Môn reprit :

— S’il plaît à Dieu, ta vache guérira. J’ai éprouvé sur plus d’une l’efficacité de ces herbes. Leur langueur cessait bientôt et elles devenaient aussi nourries qu’avant…

— Merci donc, mâm-goz, dit Francésa. Je ne t’oublierai point quand tu passeras au manoir.

— Je sais, ma fille…

Et, après un silence, où elle l’avait regardée longuement, Môn ajouta :