Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/55

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le douanier avait crié le sien sur la lande. Et, tout de suite honteuse, elle voulut fuir, se cacher, quand un autre cri partit de derrière la haie.

— Ah ! dit Môn, viens vite ! Il est capable d’en passer.

Elles sortirent du champ, et Francésa vit Thomassin qui s’appuyait contre un arbre pour ne pas défaillir.

— Francésa ! dit doucement Thomassin.

— Louis ! dit Francêsa.

Ils allèrent l’un à l’autre tout tremblants, et ils pleurèrent. Môn avait disparu. Ce fut leur première entrevue d’amour ; elle fut chaste et brève. Des pas sonnaient sur la route et ils se séparèrent presque aussitôt.

Môn, dès lors, pendant les longs jours où, Francésa et Thomassin ne pouvaient se voir, leur servit de lien, fut leur truchement d’amour. Ils se cachaient des autres personnes ; ils avaient peur qu’on ne les trahît. Avant tout, Francésa voulait éprouver son père. Le vieil homme, toujours droit sous ses soixante-quinze ans, avait des volontés sans réplique. On s’y butait sans rien obtenir. Francésa le savait. Il avait fait entendre à mainte reprise qu’il