Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/56

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ne donnerait sa fille qu’à un cultivateur et sous des conditions qu’il se réservait de dicter. Thomassin était douanier ; il avait, à la vérité, quelque aisance ; mais on ne pouvait assurer qu’il agréerait au père, et c’était pour ne rien hasarder que Francésa voulait prendre du champ. Elle l’interrogea en dessous ; elle lui tendit de petits pièges innocents où il ne manqua pas de tomber. Mais elle se convainquit bientôt, et quelque habileté qu’elle eût mise à son jeu, que la cause était perdue d’avance et que son père ne voudrait pas de Thomassin.

Il exigeait un gendre cultivateur, riche (comme on est riche là-bas, à douze ou quinze cents livres de revenu), et qui s’associerait avec lui pour l’exploitation des terres de Lanascol. Il lui montrait quelquefois la longue étendue des landes qui court au-dessus de Keraliès. Il embrassait d’un grand geste circulaire les trois quarts de l’horizon, puis il expliquait que toute cette terre-là, inculte, mais bonne au fond entre des mains savantes et laborieuses, s’achèterait sur le moment pour rien et, dix ans plus tard, vaudrait de l’or. « Seulement, voilà, il faut que ton prétendu nous apporte de quoi l’acheter. » Et il lui citait des noms de cultivateurs,