Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/57

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vateurs,

qui lui avaient fait des ouvertures à son sujet et qu’il agréerait volontiers pour gendres, si, dans le nombre, elle en trouvait un de son goût. « Au reste, rien qui presse, concluait-il. Une fille de dix-sept ans a l’éternité devant elle. »

Francésa protestait de son mieux. Qu’avait-elle besoin de tant de richesses ? Un mari simple, honnête, travailleur, fût-il pauvre, pourvu qu’il l’aimât et qu’elle l’aimât, n’était-ce point préférable à tout ?

Lui hochait la tête en homme qui ne répond pas à des niaiseries, sifflait son chien, un vieux roquet à poil fauve, toujours en boule sur le foyer, Loul, Loulic, et la quittait. Elle ne se révoltait pas autrement ; le péril ne pressait point ; elle se bornait à se cacher de son père dans ses entrevues avec Thomassin.

Et des semaines encore, des mois passèrent, elle eut dix-huit ans. Son père lui disait de temps à autre : « As-tu fait ton choix, Francésa ? » Elle répondait non. Mais un jour il lui dit gravement :

— Roland Le Coulz, de Trégastel, te demande en mariage. Il a quinze cents livres de revenu. Il a trente ans, c’est un homme solide