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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/70

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— Qui m’appelle ? dit la jeune fille, frissonnant malgré elle.

— Francésa, reprit la voix, méfie-toi de Loïz-ar-béo et de la rebouteuse : ils sont vendus au diable !…

— Oh ! dit l’enfant, saisie. Qui dit cela ? Qui dit cela ?

Il n’y avait personne sur la route. La nuit s’épaississait. La voix semblait venir de derrière les ajoncs. Était-ce un intersigne ? Elle descendit d’une traite la côte de Keraliès, affolée, les dents claquantes. Elle ne se remit qu’arrivée au manoir. Loul accourait en jappant. Le vieux Prigent n’était pas rentré ; mais, dans la cour, elle aperçut Alanic Dagorn, le petit pâtre, qui préparait la litière du bétail.

— Tu n’as rencontré personne en revenant ? dit-elle.

— Personne, Francésa.

— Cherche bien.

— Attends donc… Ah ! si, tout à l’heure, sur la lande, Coupaïa, la soudière de Morvic… Je lui ai même donné le bonsoir ; mais elle ne m’a pas entendu, ou bien elle voulait se cacher, car tout de suite elle a disparu…