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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/78

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de peine à refouler pendant qu’il lui parlait, elle éclata, terrible, dans le silence de la triste demeure. Démon ! Démon ! Ah ! pour sûr, il avait son plan. Ce n’était pas Dieu possible qu’il leur voulût du bien, et il se couvrait d’une apparence de service pour les pousser à leur perdition… Qui sait ? Peut-être que, sans le vouloir, il courait à la sienne. Les saints aveuglent d’abord ceux qu’ils veulent perdre. Et ses saints à elle, Yves Hélory, Samson, Coupaïa, ne lui avaient-ils point donné déjà une preuve évidente de bonne assistance ? N’est-ce pas eux qui l’avaient menée, dans l’ombre, jusqu’à la dune où Thomassin et Môn-ar-Mauff faisaient leurs incantations ? N’est-ce pas eux qui, sur le vent ailé, lui avaient apporté le nom de Francésa Prigent, et si elle avait pu, par-dessus la lande de Keraliès, jeter à la jeune fille l’avertissement du malheur, n’est-ce pas eux encore qui avaient protégé sa démarche et répandu la nuit sur sa tête pour que nul ne l’aperçût ?

— Ah ! grands saints en qui j’ai mis ma foi, grands saints, cria-t-elle, c’est vous mon abri, ma protection. Je vous servirai humblement, grands saints, si vous faites que je vive assez pour voir le châtiment de l’impie.