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VII


Le lendemain, les Salaün emménagèrent chez Thomassin. La pièce qui leur était réservée était en effet un peu étroite, et ils eurent quelque peine à y loger leur mobilier. Un crépi de chaux fraîche couvrait les murs ; l’air venait à grande nappe de la fenêtre, et, jusque dans cette chambre, tantôt vide, on sentait la propreté méticuleuse de l’ancien matelot.

Ce fut une première gêne pour Coupaïa. Elle se trouvait mal à l’aise, comme effarouchée, les paupières battantes, dans cette grande clarté où tout ressortait. D’instinct elle cherchait l’ombre. La cheminée n’avait pas de manteau et s’ouvrait si peu qu’on n’y pouvait s’asseoir. Là-bas, à Morvic, sur la dalle du foyer, près des cendres chaudes, dans la nuit continuelle du logis, elle abritait jalousement ses rêves ; elle demeurait des heures sans bouger ; ses yeux ne quittaient pas le point où ils