Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/80

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fixaient d’abord, nul ne venait et elle se laissait aller à une hypnose bienheureuse de tout son être…

Les meubles entassés, un peu l’un sur l’autre, elle ne trouva plus qu’une petite place pour ses saintetés. Ce lui fut une peine plus sensible encore. Tant bien que mal elle en attacha la plupart au mur de refend ; les autres, elle les cloua un peu partout, au châlit, à la huche, à la caisse de l’horloge qui disparurent presque sous les bénitiers, les images, les sachets et les rosaires. Mais il lui en restait encore qu’elle ne savait plus où caser et, comme elle eût tenu pour sacrilège, si vieilles les images, si pourris les rosaires, de les brûler ou de les jeter au rebut dans un tiroir, elle prit le parti d’en décorer la pièce du milieu.

Quand Thomassin rentra, à la relevée, il ne vit point d’abord ces changements. Au reste, on n’avait point touché à sa chambre ; il défit son ceinturon, changea de costume et prit un peu d’huile et un chiffon pour astiquer son fusil. Il pensait que Coupaïa préparait la soupe, et, en attendant de se mettre à table, il entra dans la pièce commune pour causer avec Yves-Marie. La nuit s’y était déjà faufilée.