Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/98

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De son côté, Môn avait pu voir Francésa et, après l’avoir rassurée sur l’incendie, elle lui avait annoncé que Thomassin avait obtenu de l’entrepreneur les trente-cinq mille francs qu’il demandait. Francésa se montra moins forte dans le bonheur que dans la peine : elle pleura et il fallut que la vieille Môn la reconduisît jusqu’au manoir pour qu’elle ne défaillît point.

— Tout n’est pas fini, lui dit Môn en la quittant. Ton père n’a pas encore donné son consentement à ton mariage. Ranime-toi. Tu pleureras après, si c’est ton gré. C’est maintenant, ma fille, qu’il te faut toute ta présence d’esprit pour le décider à dire oui…

Francésa rentra chez elle. Son père était dans la cuisine, assis à la grande table, qui triait des céréales pour la semaison d’hiver. Il les prenait à petites poignées, les tâtait, rejetait les unes, mettait les autres de côté, ne se décidant que pour les graines bien mûres, bien nettoyées, de bonne mine, fines d’écorce, coulantes et lourdes. C’était une des occupations où il apportait le plus de soin. Il ne se reposait sur personne du choix des semences, et il est vrai de dire que ses récoltes s’en ressentaient, plus abondantes et de qualité meilleure que celles du voisin.