Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/171

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J’étais là. Cette eau noire et ces tristes ravines,
Et les bois et les monts et le ciel inclément,
Et les pâles regards des étoiles divines,
C’est moi toujours, c’est moi quand même, ô mon amant !
 
Tes yeux ne sont pas faits à ma nouvelle image,
Tu ne vois que les deuils dont est chargé mon front,
Mais un temps doit venir où tu rendras hommage
ÀA la pure beauté qu’ils te révéleront.
 
— Est-ce vrai ? m’écriai-je. Ô déesse, déesse,
Mais quel philtre secret aurait changé soudain
Le cristal de tes yeux en un lac de tristesse
Et les lys de ta joue en un morne jardin ?
 
Et comment ton beau front, élargissant sa courbe,
Eût-il d’un pôle à l’autre empli le vaste ciel ?
Comment ces bois, ces monts, ces rocs, cette âpre tourbe
Auraient-ils pu germer de tes hanches de miel ?…

J’attendis ; mais la voix ne devait plus reprendre :
Des cloches dans la brume égrenaient leurs glas sourds ;
Seules, dans l’infini noyé d’un flot de cendre.
Les sept lampes des sœurs d’Hyas brillaient toujours.