Page:Le Goffic - Poésies complètes, 1922.djvu/211

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Il flotte encor sur cette terre
Un peu de l’âme héréditaire :
Monsieur saint Yve y tint ses plaids
Et l’on prétend qu’Anne la Brette
Plus d’une fois, sous la coudrette,
Y mena ses branles follets.

Sur ce perron tendu de mousse,
Qui la vit glisser, blanche et douce,
Dans son justaucorps de lampas,
Finalement, d’âge en âge,
Vous viendrez en pèlerinage
Baiser la trace de ses pas.
 
Et quand, par les bleus crépuscules,
Dans la senteur des renoncules
Monteront vos derniers ave,
Une voix de miel, sa voix même,
Vous dira la douceur suprême
Du pays enfin retrouvé ;
 
Et, les yeux brouillés, le cœur ivre,
Incertains de la route à suivre,
Là-bas, très loin, dans un vieux bourg