défluxion qui luy tomba sur les yeux à laquelle les médecins ne pouvoient remédier en cette affliction, la Comtesse Judith, sa femme, fille de Judicaël, Comte de Nantes, luy conseilla de faire un vœu à S. Corentin, & promettre de donner quelques terres & héritages à son Église il la crût, & ainsi, ayant fait dresser & signé les contrats des terres qu’il disposoit donner, il se fit porter à Kemper-Corentin, où il visita l’Église & fit sa prière, puis mit ces contrats sur l’Autel, offrant à Dieu & à S. Corentin les terres & héritages qui y estoient mentionnez, &, aussi-tost, la défluxion se dissipa, &, du depuis, n’eut plus mal aux yeux. Ce saint corps demeura à Kemper jusques à l’an 878. que les Normands ayans pris terre en Cornoüaille, les Chanoines & Ecclesiastiques de Kemper se retirèrent à Tours, emportans le trésor de leur Église, &, entre autres Reliques, le Corps de saint Corentin, qu’ils mirent en l’Église de saint Martin depuis, il fut transporté à Marmoutier, où il est reverement conservé.
Cette Vie a esté par nous recueillie des anciens Breviaires et Legendaires MSS. des Églises Cathedrales des Dioceses de Cornoüailte, Léon et Nantes, qui en ont l’Histoire distribuée en 9. Leçons ; Molanus, en ses Additions sur Usward, où il appelle Kemper-Corentin, Civitas Aquilœ ; Robert Cœnalis, Evesque d’Avranches, de re Gallica lib. 2, perioche 6 Benoist Gononus, Célestin, in vitis PP. Occid. lib. 1 pag. 27 Alain Bouchard, en ses Annales de Bretagne, l. Il ch. 4, récite un abregé de sa vie, et d’Argentré, en son Histoire de Bretagne, 1. 1, ch. Il et l. 11, ch. 9 ; le P. Augustin du Pas, en son Catalogue des Evesques de Cornoüaille, à la fin de son Hist. des Illustres Maisons de Bretagne, saivu par Jean Chenu, en son Histoire Chronologique des Evesques de France, et Claude Robert, en sa Gallia Christiana, lettre B.
n 1886, Dom F. Plaine 0. S. B. faisait paraître une à Vie inédite de saint Corentin, écrite
au siècle, par un anonyme de Quimper, publiée avec prolégomènes, traduction et
éclaircissements. » Le pieux et savant bénédictin l’avait découverte lui-même au musée
Bollandien de Bruxelles où elle était venue de Montreuil-sur-Mer (on sait que dans cette ville
était conservée une partie notable des reliques de notre saint). Ce manuscrit n’est que de 1664,
mais la lettre d’envoi qui l’accompagne et qui était adressée à Henschenius affirme que la
transcription a été faite sur des manuscrits rongés de vétusté. « Le texte en est parfaitement
identique quant au fond et quelquefois même quant à la lettre avec celui du Chronicon Briocense,
du Sanctorale Corisopitense. etc. Cette identité serait absolument inexplicable si l’on n’admettait
pas qu’à l’époque de la translation du corps de saint Corentin, le texte primitif de la Vie du saint
fut transféré simultanément et arriva ainsi jusqu’à Montreuil en Picardie. » C’est affirmer que ce
« texte primitif » était bien du IXe siècle.
Dom Plaine ajoute : « Si nous examinons la vie de saint Corentin en elle-même, nous en déduirons 1° Que l’auteur était clerc de l’église même de Quimper, par conséquent des mieux placés pour en connaître les vraies traditions. Qui sait même s’il n’avait point à sa disposition certains documents primitifs, aujourd’hui et depuis longtemps perdus sans retour ? 2° Qu’il a dû apporter le plus grand soin dans ses recherches, car il s’était proposé pour but non de composer un simple éloge ou un panégyrique, mais bien de retracer dans son ensemble la vie de son héros. » Dom Plaine constate ensuite que l’écrivain anonyme écrit le latin avec une pureté et une élégance au moins relative, admet bien qu’il est un peu déclamateur (non dans l’histoire du saint