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238 LE KORAN.  
  1. Ne me blâme pas, reprit Moïse, d’avoir oublié tes ordres, et ne m’impose point des obligations trop difficiles.
  2. Ils partirent, et ils marchèrent jusqu’à ce qu’ils eussent rencontré un jeune homme. L’inconnu le tua. — Eh quoi ! tu viens de tuer un homme innocent qui n’a tué personnel Tu as commis là une action détestable.
  3. — Ne t’ai-je point dit que tu n’auras pas assez de patience pour rester avec mol ?
  4. — Si je t’interroge encore une seule fois, tu ne me permettras plus de t’accompagner. Maintenant excuse-moi.
  5. Ils partirent, et ils marchèrent jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés aux portes d’une ville. Ils demandèrent l’hospitalité aux habitants ; ceux-ci refusèrent de les recevoir. Les deux voyageurs s’aperçurent que le mur de la ville menaçait ruine. L’inconnu le releva. — Si tu avais voulu, lui dit Moïse, tu aurais pu te faire donner une récompense.
  6. — Ici nous nous séparerons, reprit l’inconnu. Je vais seulement t’apprendre la signification des choses que tu as été impatient de savoir.
  7. Le navire appartenait à de pauvres gens qui travaillaient sur mer ; je voulus l’endommager, parce que derrière lui il y avait un roi qui s’emparait de tous les navires.
  8. Quant au jeune homme, ses parents étaient croyants, et nous avons craint qu’il ne les infectât de sa perversité et de son incrédulité.
  9. Nous avons voulu que Dieu leur donnât en retour un fils plus vertueux et plus digne d’affection.
  10. Le mur était l’héritage de deux garçons, orphelins, de cette ville. Sous ce mur était un trésor qui leur appartenait. Leur père était un homme de bien. Le Seigneur a voulu les laisser atteindre l’âge de puberté pour leur rendre le trésor. Ce n’est point de mon propre chef que j’ai fait tout cela. Voilà les choses dont tu n’as pas eu la patience d’attendre l’explication[1].
  11. On t’interrogera, ô Mohammed ! au sujet de Dhoul’Karneïn[2]. Réponds : Je vais vous raconter son histoire.

  1. L’inconnu dont il est question ici est Khedr, ou Khidr, que les mahométans regardent comment prophète, bien qu’en dehors de la lignée des prophètes envoyés soit aux Israélites, soit aux peuples de l’Arabie. C’est un personnage mystérieux qui aurait trouvé la fontaine de la vie, bu de ses eaux et acquis ainsi l’immortalité. On le croit le même que Pinchas, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, dont l’âme aurait successivement passé dans le corps d’Élias, et ensuite dans celui de saint Georges.
  2. Possesseur de deux cornes. Sous ce nom, les mahométans entendent Alexandre le Grand. Le mot 'karn (corne) ayant en même temps la signification d’extrémité, on croit que ce surnom a été donné au conquérant macédonien, parce qu’il avait soumis l’0rient et l’Occident, ainsi que le fait entendre tout le passage du Koran. D’autres veulent entendre par là un des rois arabes, également célèbre par ses conquêtes lointaines et portant le même surnom.