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490 LE KORAN.  
  1. Les justes qui accomplissent leurs vœux[1], et craignent le jour dont les calamités s’étendront au loin,
  2. Qui, quoique eux-mêmes soupirant après le repas, donnent de quoi manger au pauvre, à l’orphelin et au captif,
  3. En disant : Nous vous donnons cette nourriture pour être agréables à Dieu, et nous ne vous en demanderons ni récompense ni actions de grâces.
  4. Nous craignons de la part de Dieu un jour terrible et calamiteux.
  5. Aussi Dieu les a préservés du malheur de ce jour ; il a donné de l’éclat à leurs fronts et les a comblés de joie.
  6. Pour prix de leur constance, il leur a donné le paradis et des vêtements de soie,
  7. Où, appuyés sur des sièges. Ils n’éprouveront ni la chaleur du soleil, ni froid glacial.
  8. Des arbres avoisinants les couvriront de leur ombrage et leurs fruits s’abaisseront pour être cueillis sans peine.
  9. Pour eux on fera courir à la ronde des vases d’argent et des gobelets comme des cruches,
  10. Des cruches d’argent qu’ils rempliront dans une certaine mesure.
  11. Ils y seront abreuvés avec des coupes remplies d’un mélange de zendjébil,
  12. D’une source qui s’y trouve, appelée Selsebil[2].

  1. Selon les commentateurs, les deux versets 7 et 8 s’appliquent à Ali et à sa famille. Hassan et Housseïn, fils d’Ali, étant tombés malades, Ali et Fatima sa femme firent un vœu de jeûne : pendant trois jours si les enfants guérissaient. Dès le premier jour (le jeûne chez les musulmans consiste à ne manger qu’après le coucher du soleil), Ali, n’ayant pas de quoi faire du pain, emprunte de la farine à un juif, et Fatima en cuit cinq pains au four. Là-dessus se présente un pauvre qui demande à manger ; les cinq pains lui sont donnés, et la famille passe la nuit sans rien manger : le lendemain, le pain préparé est donné à un orphelin, et le troisième jour à un captif. Lange Gabriel vint par la révélation de ce passage féliciter Mahomet de cette bonne œuvre de sa famille. C’est à cause de cet incident que nous avons traduit quoique soupirant eux-mêmes après le repas, malgré le désir qu’ils ont d’en manger ; ala houbbihi, malgré l’amour de lui. Les mots du texte sont ala houbbihi, avec l’amour de lui, ce qui peut être ici entendu de deux manières, soit avec l’amour du pain, c’est-à-dire malgré l’envie qu’ils en aient étant pressés par la faim, soit avec l’amour de lui, c’est-à-dire de Dieu, à cause de Dieu, pour lui plaire. Cette latitude dans l’interprétation vient ici de l’emploi de la préposition ala, qui signifie malgré et avec.
  2. Le mot zendjébil veut dire gingembre ; en Orient, on a l’habitude de le mâcher et de le mêler aux boissons et à la nourriture.