GAUNÉ, ÉE, adj. — Mal habillé, fagotté. Se joint souvent à mal. As-tu vu la Louison, comme elle était mal gaunée ! La racine gaun (qui n’est pas celle du vieux franç. gonne, robe) paraît venir du celtique.
GAVAGNE, s. f. — Grande corbeille d’osier. — De cavanea, de cava.
GAVIOLE. — Aller de gaviole, Marcher de travers par suite d’ivresse. J’allais de gaviole hier en rentrant, dit Guignol dans Ma porte d’allée, pièce de l’ancien répertoire. C’est une transformation fantaisiste de traviole. La syllabe ga, ici substituée à tra, a un caractère essentiellement péjoratif.
GAVION, s. m. — Gorge, estomac. Se bourrer le gavion. Ce mot, signalé encore par Cochard dans le premier tiers du siècle, est tombé en désuétude. — De gave, jabot des oiseaux, probablement de cavum. Gavion figure encore au Dict. de l’Acad. avec le sens de gosier.
GAVIOT, s. m. — Petit faisceau de sarments. — De cavellum, poignée, javelle. Comp. l’orléanais javelle, fagot de sarments.
GAVOT, s. m. — Terme péjoratif appliqué aux habitants des montagnes. C’est un gavot. C’est un rustre. Parler gavot, Parler un patois grossier. En 1534, il y eut chez nous une sécheresse terrible ! « On ne voyait soir et matin, dit Rubys, que ces pauvres gens de village, qui allaient criant en leur gavot : Sancta Maria, d’ai-guy, d’aiguy, d’aiguy ! » — Le mot gavot signifiait primitivement habitant du pays de Gap. Le sens est dérivé à gens des montagnes en général.
GAZETTE. — Lire la gazette. Se dit de quelqu’un qui ne mange pas tandis qu’un autre mange. C’est très pénible de lire la gazette quand on a grand’ faim, je l’ai éprouvé.
GAZON, s. m. — 1. Perruque composée seulement d’un toupet, telles que les portait Louis-Philippe. Il me souvient qu’étant petit gone, je m’étais fait une magnifique barbe de sapeur avec un vieux gazon du papa. Seulement que ça sentait « l’huile antique ».
2. Caton. C’est caton corrompu sous l’influence de gazon.
GAZONNER, v. n. — Se mettre en gazon. Ma semouille qu’a gazonné.
GEAI. — Fromage de geai. C’est comme cela que nous appelons le fromage de Gex. Songez qu’après tout, si les geais avaient du lait, on en pourrait faire des fromages. Nous sommes donc excusables de nous tromper. À la maison, quand une nouvelle bonne apportait un fromage de chèvre d’un goût fort, on ne manquait jamais de la gronder en lui disant qu’elle aurait dû connaître que c’était du fromage de bouc. Et là-dessus, elle allait donner son ratichon à ln marchande.
GÉANE. — « Dite géante. » (Molard.) — Une grande quantité d’expressions signalées par Molard ont disparu. Cela importe peu quand il s’agit de simples estropiements de mots, mais s’agit-il de vieux vocables, c’est fort à regretter. Géane ne serait plus possible depuis que tout le monde sait lire les affiches des vogues, et, en tout cas, je ne l’ai jamais entendu,
Ne s’emploie plus aujourd’hui. Mais nous disons toujours une Bressande.
GEL, s. m. — Gelée. Le gel a rôti la vigne. — Subst. verbal de geler, bien préférable au mot formé sur le participe.
Geler de froid. On ne veut pas que cela se dise. Et de quoi voulez-vous qu’on gèle, bonnes gens !
GENDARME, s. m. — Hareng saur. Chez Casati beaucoup de gens demandent un gendarme avec la salade. — Non, comme on pourrait le croire, de la vulgaire plaisanterie sur l’odeur des bottes de gendarmes, mais de la forme du chapeau, dans laquelle on a vu quelque analogie avec celle d’un hareng.
Gendarmes, Chanes du vin. Voy. chanes. — Sans doute à cause des buffleteries blanches.
Un grand gendarme de femme. Quand je me figure la Mathilde de Dante cueillant des fleurs dans le Paradis terrestre, je n’ai pas la vision d’un grand gendarme de femme.
GENDRE. — Entrer gendre. Se dit d’un gendre qui, en se mariant, vient faire vie commune avec ses beaux-parents. C’est des fois économique, mais c’est rarement canant.