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Extrait d’une lettre.

duire un Christ vivant pour animer ce mort, pour ainsi dire, on le détruit. Pourquoi donc est-il dit : « Ils ne discernent pas le corps du Seigneur ? » Quel corps ? Son corps mort ou l’amour parfait, son œuvre accomplie, une obéissance qui ne s’est arrêtée devant aucune diffi­culté se présente à mes yeux. Y a-t-il autre chose qu’un corps mort ?… je ne sais où j’en suis, ou ce que veut dire la Cène. N’allez pas l’animer de la vie que Christ avait avant la mort, son obéissance n’est pas encore achevée ni son œuvre accomplie, ni son amour parfai­tement démontré.

N’allez pas l’animer de la vie d’un Christ présent ressuscité, vous me l’ôtez comme mort, la mort n’y est plus, qui est la base du salut, la preuve de l’obéissance, la glorification de Dieu. Ne m’ôtez pas cette mort, ce corps rompu, ce sang à tout jamais répandu qui me dit que tout est accompli, et par l’amour de mon Sauveur, que le péché n’est plus. Si vous pouvez m’amener, moi, à saisir davantage ce qu’il y a de précieux dans ce Sau­veur mort, dans la mort de Celui qui est le Fils éternel de Dieu ; si vous pouvez me le faire manger avec plus de foi, plus de spiritualité, plus d’intelligence divine, plus de cœur, ah ! je vous en serai bien reconnaissant ; mais que ce soit mon Sauveur mort qui me soit laissé. Lorsqu’on est en communion avec lui vivant, il n’y a rien d’aussi précieux que sa mort ; oui, précieux pour Dieu même. « C’est pourquoi mon Père m’aime, parce que je laisse ma vie, afin que je la reprenne. » Pour mon intelligence spirituelle, c’est la fin, ou plutôt la preuve et la conscience que j’en ai fini avec le premier Adam, que la première création n’existe plus, Dieu soit béni ! pour la foi ; pour le cœur, c’est l’amour tendre