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Page:Le Monde moderne, T4, 1896.djvu/686

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lard, des fleurs éclatantes : roses et géraniums, ajoutent la poésie de leur parfum et de leurs couleurs à celle de la légende qui a victorieusement traversé les siècles. Malgré l’obstacle du grillage, la superstition des amoureux est quelquefois satisfaite par la conquête d’un pétale de fleur que le vent a entraîné jusqu’à portée de la main.


la tombe de musset et le « saule »



Lorsque le cimetière n’était pas aussi peuplé, et qu’on pouvait facilement faire choix de l’endroit préféré comme lieu de repos, on mettait une certaine coquetterie à se rapprocher, après la mort, de ceux dans la fréquentation desquels on avait vécu. Il semblait que les bons rapports d’autrefois dussent se continuer en la promiscuité des sépultures et qu’elle serait moins lourde, cette terre qui recouvrait déjà les ossements d’anciens compagnons de gloire ou d’infortune.

Chacun a visité, au Père-Lachaise, le Carré des généraux.

Devant leurs tombes qui se touchent presque, comme s’ils étaient encore rangés pour je ne sais quelle fantastique bataille, on aime revivre, par la pensée, la grande épopée dont ils furent les héros. Quelles pages l’histoire a consacrées à ces hommes ! Quelle place ils occupèrent jadis, ils occupent encore dans l’imagination populaire !

Masséna, dont le nom rayonne sur cet obélisque, à côté de ses triomphes : Zurich-Rivoli-Gêne-Essling ; Mortier, Davout, Suchet, avec un buste surmonté d’une Gloire, occupée à buriner ces mots sur le marbre : Italie-Allemagne-Pologne-Espagne ; Lefebvre, duc de Dantzig, couronné par deux Victoires ; Macdonald, le général Hugo qui donna à la France son plus grand poète ; Caulaincourt, Lobau, l’amiral Decrès, le général Gobert, dont le monument commémoratif est un des chefs-d’œuvre de David d’Angers ; Larrey, duquel Napoléon disait : « C’est l’homme le plus vertueux que j’aie jamais connu. » A quelques mètres plus loin, des arbustes verdoyants poussent leurs branches au-dessus d’une grille de fer, très simple.