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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/80

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Je relus ma lettre avant de l’envoyer ; je vis que je lui donnois beaucoup de prise sur moi ; mais tout considéré je la fis partir. Tout ce que j’avois vu m’avoit fait de si fortes impressions, que je ne pouvois plus attendre.

Nos trois hôtes resterent quatre jours à l’Abbaye, et on n’épargna rien pour les amuser. Le jour qu’ils partirent je fus demandée au parloir par un jeune cordelier, que je trouvai avec Agathe. Il étoit d’une figure charmante et avoit le plus beau coloris ; son âge étoit tout au plus de dix-sept ans, et notre dame le dévoroit des yeux. Il me remit une lettre du pere Anselme, avec une boëte. Etant retirée la curiosité m’engagea à vîte regarder ce qu’elle contenoit ; j’y trouvai le meuble qu’il m’avoit promis : il étoit d’une grosseur et d’une longueur médiocre, couvert d’une peau très fine de laquelle sont faits les étuis dont je parlerai dans la suite, percé à l’extrêmité ; le piston étoit d’argent. Je lus la lettre, qui étoit conçue en ces termes.

Ma belle enfant,

Quel chagrin n’ai-je pas éprouvé d’avoir été obligé de partir, sans avoir pu vous faire mes