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enthousiasme

En somme, le château, il était sur sa petite montagne, le chemin coupait de peine et de misère la pente abrupte hérissée d’érables. Tant de feuilles vertes donnaient presque le vertige. C’était comme un tunnel sous les ramures ; un drôle de tunnel, serpentant, grimpant. La voiture avait le nez en l’air, elle grinçait.

Tout à coup, elle reprit son ronron ordinaire, fila tout droit.

— Ici le jardin, disait la mère de Suzanne. Mais Marielle déjà contemplait émerveillée l’imposante façade de granit, les innombrables fenêtres à petits carreaux, les pignons, au bord découpé en escalier comme ceux des béguinages de Bruges sur les cartes postales ! et toutes les cheminées qui perçaient le toit.

— Nous avons quatre foyers, et du bois pour les chauffer, nous en avons, pour ça, oui, c’est l’abondance…

Marielle descendit. On arrivait en arrière du château. Mais c’était en vérité un château à deux façades. L’une où était la porte un peu sévère, en bois plein, par où ils entreraient pour que Marielle jouisse de l’effet grandiose de l’arrivée…

La lourde porte donnait sur un portique, et l’enchantement commençait après ce portique, qui ouvrait sur un balcon intérieur duquel la vue plongeait sur le salon haut de deux étages ; tout un pan de fenêtres encadrait le vert profond de la forêt et du ciel. Marielle s’appuya à la balustrade de chêne. Cette grande pièce était somptueuse.