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enthousiasme

si pâle, si changée, si haletante, et qui avait les larmes aux yeux pour embrasser Marielle.

Sa mère qui l’avait quittée bien le matin, s’écria surprise :

— Mais comment, tu ne t’es pas levée !

Le midi, tout à coup, Suzanne s’était sentie très mal. Elle avait eu une faiblesse. Mais elle était si contente de voir Marielle qu’elle serait mieux demain.

Sa mère pâlit.

— Te sens-tu aussi mal qu’à ta première attaque ?

— Non, pas tout à fait, mais j’ai si peur.

— Ne t’inquiète pas. Je vais appeler le médecin, demander quoi faire, quoi te donner, et si tu dois quand même te lever. Je te laisse Marielle. Tout à l’heure je l’installerai. Je reviens tout de suite.

Marielle disait :

— Moi qui étais si contente de tout ! Moi qui étais si contente d’arriver, et de te revoir, ô Susanne, et moi qui t’envie tellement d’habiter ici ! Comme j’ai de la peine.

Suzanne, un peu haletante, murmurait :

— Tu vas vite voir qu’il ne faut pas m’envier. Le château, il est beau, mais j’avais raison de manquer d’enthousiasme, je sentais que pour moi ce serait une prison. Je suis en cage, Marielle, et le pauvre oiseau a bien mal aux ailes. Et de mon lit, cette mer de feuillage que tu aimes tant, je ne peux même pas la voir.

Elle pâlissait, fatiguée d’en avoir tant dit.