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enthousiasme

douter : pourrait-il vraiment se rendre ainsi à Vancouver ? C’était bien loin.

Le train roulait régulièrement dans la nuit et à quatre heures, le lendemain, s’arrêta dans les cours de fret d’Ogden.

Deux compagnons de voyage avaient à un moment donné rejoint notre jeune homme : un hobo-type, barbu et expérimenté, qui n’avait pas d’autre métier ; et un garçon d’environ vingt ans, peu intéressant et qui assura Louis qu’il pouvait lui procurer pour dix dollars un billet de Calgary à Vancouver.

Louis déclina son offre, et s’attacha au vieux hobo qui lui semblait plus honnête et qui le rassura sur les tunnels, le gros problème du voyage. Le jeune homme qui voulait obtenir un dix dollars certifiait que la traversée était terrible. Le vieux hobo le démentit : en tenant un mouchoir sur son nez et sa bouche, on ne suffoquait pas. Descendus du fret à Ogden, ils marchèrent une heure pour atteindre le centre de Calgary. Il faisait à peu près clair. Comme l’un des trois mages devait recevoir une dépêche, ils se dirigèrent ensemble vers la gare. Louis pénétrant dans la salle de toilette s’aperçut avec horreur dans un miroir. Rien ne le distinguait plus d’un voyou de profession. Sa figure complètement enduite de suie était noire comme celle du plus encrassé des charbonniers. Il quitta ses compagnons de route, se hâta vers une petite rivière que le train auparavant avait traversée. Et là, à l’abri, il se débarbouilla consciencieusement. Une fois lavé, peigné,