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AUX PHLOX
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premier venu, — venu de si loin ! Il l’avait amenée à cette formidable distance de chez elle. Pour commencer, l’amour avait dû faire passer la chaumière, le manque de confort. Et, tranquillement, cet amour cruel, instable, trompeur, s’en était allé. L’homme qui avait été son héros était redevenu un homme brutal, vulgaire et ivrogne en plus. Elle s’était réveillée, malgré elle, de son beau rêve éphémère, dans cette réalité affreuse, inextricable : horreur incroyable de sa gigantesque désillusion, pauvreté, douleur de voir s’effondrer sa foi en la vie ; et la misère physique et morale s’était mise à lacérer sa pauvre jeunesse manquée. Par contraste, son passé, sa ville natale se décoraient dans son imagination des couleurs du paradis perdu…

Et sa nostalgie grandissait comme un arbre géant, sur le sol fertile de ses malheurs…