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LA MAISON


La pluie

Enfin la pluie ! Une petite pluie d’argent, douce, fine, tranquille, que nous ne connaissions plus depuis deux mois ; une pluie apaisante, berceuse, qui chante sur le toit et gratte aux vitres, une pluie qui me semble tenace et amicale à la fois…

Si amicale que je n’y tiens plus, je sors. Mon béret loin sur mes cheveux, comme au temps de ma jeune jeunesse, mon imperméable rouge serré jusqu’au cou, je m’en vais, le nez au vent, heureuse et fredonnant… Et la petite pluie d’argent, qui frappait timide sur mes vitres, frappe doucettement sur mon front, sur mes joues, et, taquine, amusante, remplit mes oreilles, et de mes cheveux qui se mouillent se met ensuite à couler plus lourde, mais toujours tiède et bonne.

Elle pèse sur mes cils, le vent s’en mêle, m’aveugle, je ferme les yeux un moment. En les rouvrant, je vois rouler deux, trois gouttes