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LA MAISON

Mais je reviens enfin. Il faut revenir. Je ne suis pas libre. Je n’ai plus vingt ans. En claquant la porte du jardin, j’aspire une grande fois l’air iodé, violent, bon comme un breuvage. Je regarde l’eau qui luit sous les verdures repeintes, le chemin mouillé qui rougit. J’entrerai, mais je n’en ai guère envie. Mes enfants me font signe de la fenêtre. Je ris. Plus tard, probablement, ils penseront à moi, comme Marcel Proust pensait à sa grand’mère, qui trouvait un crime de ne pas boire incessamment l’air marin, quand on l’avait à sa portée…

La mer, pareille à du plomb fondu, claque le rivage et les goélands passent et repassent au-dessus, comme s’ils dansaient une ronde…

Je les envie, je soupire et j’entre…