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Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/121

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AUX PHLOX
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Une tempête en Gaspésie

L’embrun, poussé par un vent d’une rapidité effroyable, mouillait le village comme une pluie ; comme cette pluie cinglante qui l’hiver succède parfois à une poudrerie, et continue en rafale ; comme une violente pluie horizontale.

La nuit, la brise, que la veille on avait signalée d’est, tourna brusquement au sud-ouest ; et les trente barques que les pêcheurs confiants avaient mises à l’abri dans la baie du sud, se trouvèrent menacées. Le fracas de la mer grandit dans l’obscurité et le sifflet du vent, comme une sonnerie d’alarme se fit plus lugubre.

À la pointe du jour, déjà, une amarre s’était brisée et un pauvre bateau en dérive vint se morceler sur les arêtes rocheuses de Mont-Joli. Au réveil, toute la population affolée monta vers les caps et s’échelonna sur la falaise, pour un guet sans espoir. Il n’y avait rien à faire. Toutes les barques se perdraient, si la