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LA MAISON

du foyer, une causerie plus intime. Philosopher un peu. Aimer la vie, comme un bienfait.

J’ai rêvé à des choses pareilles lorsque j’étais petite fille. J’ai rêvé à des châteaux, à la mer, à une chapelle recueillie et silencieuse, dans la forêt. Mais j’en rêvais, comme on rêve aux robes de madame Peau d’âne, ou aux maisons merveilleuses qui naissent sous des baguettes de fée…

Un matin, j’ai vu tout cela et pour un peu de temps, j’habite dans ce rêve.

Et je regarde aller et venir les personnages de mon rêve, comme on lit un livre nouveau. Et le livre pourrait finir à la façon des contes : « Ils se sont toujours aimés, ils eurent beaucoup d’enfants et furent heureux toute leur vie. » Mais la vie et les contes sont différents. Je modifie et j’en ajoute : « Ils eurent souvent des épreuves, ils ont porté parfois douloureusement leur devoir, mais ils aimèrent sans cesse le bon Dieu, qu’ils ont placé, pour l’éternité, le premier dans leur cœur. Et vraiment ils ont le bonheur, parce qu’ils l’ont en eux, avant de le prendre dans les choses qui leur sont données par surcroît ! »

Et de mon séjour dans ce domaine qui ressemble aux paysages souhaités dans mes songes d’enfant, j’emporte une leçon et un exemple.

Chandler, août 1920.