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LA MAISON

et de Marie, parce que Lucette est la seule amie d’autrefois que les circonstances ramènent aujourd’hui.

Le thé poursuit son cours, au coin du grand foyer où flambent de grosses bûches. Bientôt, l’esprit pétille, étincelle comme le feu, et de nouveau, les rires fusent. La fin de semaine est commencée.

Le soir, l’ancienne routine règne encore. Après le dîner c’est toujours l’heure d’aller à la poste. Esther conduit en chantant la voiture dont les phares éclairent l’avenue.

Que ne verrait-on pas, songe encore Lucette, si ces phares, comme la lampe magique d’un cinéma, illuminaient un film qui s’appellerait : le passé ?

Mais le passé n’est pas vraiment mort. Il recommence. Ici, il y a des années, Lucette attendait nerveusement des lettres de ses amoureux : anxieuse, impatiente, elle attendait l’avenir. Ce soir, Rolande reçoit de loin une boîte de bonbons, et disparaît au retour du village, pour lire une épaisse lettre à l’abri des regards indiscrets. Esther ne révèle pas ce qu’elle pense, mais sans doute qu’avec ses vingt ans, des projets se forment dans son cœur.

Comme d’autres avant lui, Jean se propose d’être un grand personnage et il énumère à tue-tête et les hauts faits qu’il accomplira et