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AUX PHLOX
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souriant, parce que, pour la première fois, il nous apportait des framboises.

Comme il en recevait le prix, il a ri, et nous lui avons dit :

— Tu vas devenir riche.

Vingt-cinq sous de framboises l’après-midi ; trente sous de bleuets de bonne heure le matin ; le prix de six morues, une fortune, ma foi ! Et puis, nous voici tellement attachées à Israël que, même si nous n’avons besoin de rien, nous achetons. Il y aura des mauvais jours, sans doute, où il ne viendra pas. Nous mangerons alors nos confitures.

— Mais Israël, à quelle heure peux-tu bien te lever ? — lui avons-nous demandé, comme nous sortions plus tôt, un matin, pour le trouver déjà à attendre.

— À six heures, je crois.

— À six heures ! Tu dois te tromper. Tu as déjà ramassé tes bleuets et tu es ici à six heures et demie !

Alors, il a avoué qu’il ne savait pas, vraiment, à quelle heure il se levait.

Nous étions à conclure que les horloges devaient être rares chez lui, lorsque nous l’entendîmes ajouter :

— C’est si beau, le matin.

Nous avons soudain aperçu sa richesse…

Il se lève à l’aurore pour cueillir des bleuets.