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LA MAISON

Il voit la forêt toute brillante encore des toiles d’araignée tissées la nuit ; il voit les couleurs neuves de l’aube, et il s’en vient sans hâte vers nous dans le silence, sur la plage douce et lisse et pure de toute trace de pas… Parfois, l’aube est toute blanche et la mer luit sous un laiteux brouillard. Parfois le ciel est rose, le soleil rouge, la mer bleu foncé. Parfois tout est lavé et verni ; la petite île du Barachois est verte comme une pierre de prix, sur l’eau de la lagune si calme qu’on la dirait solide, et la mer, de l’autre côté du banc de sable, paresseuse, nonchalante, bat la plage d’un mince friselis de mousse éclatante. Au large, les bateaux de pêche, immobiles, se dressent debout sur l’horizon.

Et Israël étrenne le jour et à neuf ans, il sait que le matin est beau.