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AUX PHLOX
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Premier Septembre 1939

Sans électricité, sans auto, sans radio, isolés sur notre dune comme dans une oasis, nous ne savions rien encore du tumulte croissant du monde. Le matin s’était levé calme, bleu, doré. Seul, le vent plus frais nous avertissait que ce matin était un matin de septembre. Et peut-être aussi les montagnes à l’horizon, que l’atmosphère, déjà d’automne, rendait plus nettes, plus foncées, mieux peintes et mieux dessinées. Comme une glace au tain parfait, le Barachois sans rides mirait fidèlement leurs couleurs, leurs courbes, et en relief et à l’envers, quelques maisons aux toits clairs.

Alors il faisait si beau que nous n’avons presque plus pensé à la guerre. La veille, les rumeurs venues jusqu’à nous n’étaient-elles pas plus rassurantes ?

La mer brillait au soleil et battait la plage de son rythme accoutumé. Des goélands volaient oisifs et nonchalants.